LES CHEMINS VERS LA RESTAURATION : UN PLAN DE RECONSTRUCTION TRADITIONNEL

Une fois diagnostiqués les problèmes temporels et spirituels de la modernité, la question de savoir comment ces problèmes seront résolus surgit naturellement dans la conscience catholique. Il s'agit d'un doute commun, qui inquiète fréquemment l'esprit des fidèles et, par conséquent, exige une réponse claire et satisfaisante.

Le début du processus de Restauration dépendra de l'élévation de la conscience individuelle par l'exposition systématique de la tradition en opposition à la modernité. Les esprits seront éclairés à mesure que les effets de la révolution deviendront évidents dans leur vie. Lorsque les hommes reconnaîtront les chaînes morales, sociales, spirituelles et professionnelles qui les emprisonnent, ils seront plus enclins à réagir. Cette réaction se produira tant sur le plan intellectuel que matériel.

Dans le domaine intellectuel, l'effort se divise entre comprendre et transmettre. Le travail de compréhension incombe aux agents intellectuels, qui doivent approfondir leur compréhension de la Restauration elle-même et de sa relation avec la révolution. La transmission, quant à elle, cherche à diffuser, de manière accessible, les conclusions atteintes par le noyau du mouvement, élargissant sa portée auprès des masses.

La réaction matérielle, à son tour, peut être schématiquement divisée entre les sphères publique et privée. La sphère privée, directement sous le contrôle de chaque individu, précède la sphère publique, qui s'étend des petites communautés à la scène mondiale. Ainsi, la réaction privée est le point de départ et une condition préalable à toute action publique.

Une mobilisation à grande échelle ne sera possible que lorsque les individus seront habitués, de manière cohérente, à réagir dans leur vie privée. Cette réaction commence par le boycott, entendu comme le refus de coopérer avec les mécanismes de la révolution. Face à l'impossibilité de démolir l'État moderne, il reste à annuler son ingérence dans la vie privée. Écarter l'ingérence de la modernité implique de travailler à rendre viable une existence fondée sur la tradition catholique et libre de l'influence révolutionnaire. Cet objectif exige une recherche active de l'autosuffisance, car sans elle, toute réaction plus large sera irréalisable.

Bien qu'évident, il est important de souligner que l'avenir du mouvement restaurateur se trouve dans le milieu rural, et non urbain.

Ceux qui n'ont pas d'aptitude pour le combat intellectuel doivent se consacrer à la Restauration matérielle, qui ne sera atteinte que par l'autonomie et l'autosuffisance. La modernité dépend de la désagrégation continue des familles et des communautés ; c'est pourquoi le mouvement restaurateur doit concentrer ses efforts sur l'union et l'association de ses membres. Tandis que certains atteindront facilement l'autosuffisance, d'autres auront besoin de soutien — ce qui impose aux plus aisés le devoir moral de coopérer avec ceux qui sont dans le besoin.

Comme on peut le déduire de l'image après le tableau, tous doivent prendre conscience des deux arts : l'art libéral (intellectuel) et l'art mécanique (pratique). 

La Restauration est une lutte quotidienne, enracinée dans le véritable traditionalisme catholique, qui se déroule par les voies intellectuelles et matérielles. Sur le plan intellectuel, elle exige un effort continu pour comprendre systématiquement les divers aspects de la révolution et présenter les résultats au public de manière claire et accessible. Sur le plan matériel, elle requiert, premièrement, l'élimination de l'influence révolutionnaire dans la vie privée et, ensuite, la construction de communautés solides qui rendent possible l'expansion du mouvement.

LES ARTS LIBÉRAUX ET MÉCANIQUES COMME STRATÉGIE RESTAURATRICE